L’IFI en mutation : vers une fiscalité plus ciblée des grandes fortunes ?

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  • Article rédigé par Mickaël ZONTA
  • Co-fondateur, Investissement-Locatif.com
Publié le lundi 03 novembre 2025
Sommaire
Une assiette élargie et une symbolique forte
Une initiative parlementaire encore incertaine
Justice fiscale ou attractivité économique ?
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Le 31 octobre 2025, l’Assemblée nationale a ravivé un débat que l’on croyait clos depuis la suppression de l’ISF : celui de la taxation des grandes fortunes. En commission des finances, un amendement a été adopté pour transformer l’Impôt sur la Fortune Immobilière (IFI) en un impôt sur la fortune dite « improductive ». Derrière cette initiative, une volonté politique de réorienter la fiscalité du patrimoine vers les actifs qui ne participent pas directement à l’économie réelle.

Ce changement ne signerait pas le retour pur et simple de l’ISF. Il introduit une nouvelle logique : celle d’une fiscalité sélective fondée sur l’utilité économique des biens détenus. Une manière de faire contribuer davantage les patrimoines dormants, sans pénaliser l’investissement productif.

Une assiette élargie et une symbolique forte

Depuis sa création en 2018, l’IFI cible uniquement les biens immobiliers non professionnels. Il exclut les placements financiers, œuvres d’art et objets de collection. Cette orientation visait à soutenir l’investissement et renforcer l’attractivité économique de la France.

L’amendement voté propose d’élargir cette assiette aux actifs jugés improductifs, c’est-à-dire ceux qui ne génèrent ni emploi, ni innovation, ni activité économique identifiable. Le seuil d’entrée reste fixé à 1,3 million d’euros de patrimoine net, avec une exonération partielle pour la résidence principale, mais les autres biens immobiliers seraient davantage exposés.

Salle parlementaire illustrant le vote sur la mutation de l’IFI en impôt ciblant les patrimoines jugés improductifs.

Ce glissement sémantique est stratégique : éviter le mot « ISF », politiquement sensible, tout en réintroduisant une logique de taxation plus large. Il ne s’agit pas de punir la richesse, mais d’inciter à investir dans l’économie réelle plutôt que dans des actifs passifs.

Une initiative parlementaire encore incertaine

Il est essentiel de rappeler que cette proposition n’émane pas du gouvernement. Elle a été portée par des députés de la majorité et adoptée en commission, mais elle n’a pas encore valeur de loi. Le texte doit encore être débattu en séance plénière à l’Assemblée nationale, puis examiné par le Sénat. En cas de désaccord entre les deux chambres, une navette parlementaire sera nécessaire.

Même si le Parlement venait à s’accorder, le gouvernement pourrait encore s’y opposer. Le ministre de l’Économie, Bruno Le Maire, a d’ailleurs réaffirmé son hostilité à toute forme de retour de l’ISF, même sous une appellation différente. Selon lui, la suppression de l’ancien impôt a permis de renforcer la compétitivité française et une nouvelle taxe sur la fortune, même ciblée, risquerait de décourager les investisseurs.

Justice fiscale ou attractivité économique ?

Cette réforme relance un clivage ancien : faut-il privilégier l’équité fiscale ou la compétitivité ? Pour ses défenseurs, elle permettrait de mieux répartir l’effort fiscal, en ciblant les patrimoines importants qui ne participent pas à la dynamique économique. Dans un contexte de transition écologique et de réindustrialisation, cette contribution est présentée comme un levier de financement légitime.

Ses détracteurs redoutent un effet dissuasif sur l’investissement, une complexification du système fiscal et un signal négatif envoyé aux entrepreneurs. Ils pointent aussi l’imprécision de la notion de « fortune improductive », qui pourrait ouvrir la voie à des interprétations floues, voire arbitraires.

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