Décès d’un associé : quelles conséquences pour la SCI ?

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  • Article rédigé par Mickaël ZONTA
  • Co-fondateur, Investissement-Locatif.com
Publié le vendredi 31 octobre 2025
Sommaire
Transmission des parts sociales après un décès : les règles de base
Les conséquences fiscales du décès d’un associé dans une SCI
Cas pratiques : exemples de gestion post-décès dans une SCI
La planification successorale : un levier pour éviter la dissolution de la SCI
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Le décès d’un associé peut-il entraîner la fin de la SCI ? La question est simple, les conséquences souvent complexes. Dans une Société Civile Immobilière, chaque associé détient des parts sociales, et leur disparition peut tout remettre en cause. Sans dispositions claires dans les statuts, le décès peut bloquer la gestion, ralentir les décisions ou provoquer une dissolution.

Les héritiers deviennent-ils automatiquement associés ? Pas toujours. Une clause d’agrément peut leur fermer la porte. La SCI peut-elle continuer avec les survivants ? Oui, si les statuts le prévoient. Sinon, c’est l’incertitude. Fiscalement, la transmission des parts peut coûter cher si rien n’a été anticipé. Les droits de succession s’appliquent. Juridiquement, il faut mettre à jour les statuts, déclarer le décès, et parfois revoir toute l’organisation.

Transmission des parts sociales après un décès : les règles de base

Le décès d’un associé dans une SCI soulève une question capitale : que devient sa part dans la société ? Contrairement à ce que l’on pourrait croire, le décès d’un associé ne met pas automatiquement fin à la société. Cependant, il entraîne une série de démarches et de règles qui vont influencer la gestion des parts sociales et la continuité de l’activité de la SCI.

Les statuts de la SCI : la clé de la transmission des parts

Les statuts d'une SCI sont le contrat fondateur de l'entreprise. Ils définissent en détail les règles relatives à la transmission des parts sociales en cas de décès. En principe, les parts de l’associé décédé sont transmises à ses héritiers, sauf si des clauses spécifiques dans les statuts prévoient une autre procédure :

  • Une clause d’agrément est souvent incluse dans les statuts pour limiter la transmission des parts sociales à des personnes extérieures à la SCI ;
  • Le gérant de la SCI, ou les autres associés, peuvent alors accepter ou refuser l’entrée des héritiers dans la société, en fonction de l’intérêt de l’entreprise.

 

Par exemple, si un associé décède et que son héritier souhaite reprendre ses parts, il devra obtenir l'agrément des autres associés pour pouvoir entrer dans la société. Si l’agrément est refusé, il devra vendre ses parts à un autre associé ou à un tiers, en fonction des règles prévues dans les statuts.

Les démarches à entreprendre : formalités et processus

Lorsqu’un associé de SCI décède, plusieurs démarches doivent être entreprises pour organiser la succession et la transmission des parts sociales. En premier lieu, les héritiers doivent déclarer le décès et procéder à l’inventaire des parts sociales. Cette étape permettra de calculer la valeur des parts et de déterminer la répartition entre les héritiers.

Les héritiers doivent ensuite se rendre chez le notaire pour officialiser la succession et procéder à la division des biens. Selon la répartition des parts, certains héritiers pourront choisir de vendre ou de conserver les parts sociales au sein de la SCI. Il est également essentiel de vérifier si la SCI a prévu des conditions spécifiques de poursuite de l’activité dans ses statuts, notamment en cas de décès.

Deux personnes analysent des graphiques pour organiser la transmission des parts sociales dans une SCI après le décès d’un associé.

Il faut également savoir que la SCI peut continuer son activité même après le décès d'un associé. La société ne sera dissoute que si les statuts le prévoient ou si les associés décident de la dissoudre en raison de la situation.

Les droits des héritiers : qui peut prendre la relève dans la SCI ?

Une fois le décès constaté, les héritiers du défunt deviennent en principe propriétaires des parts sociales. Cependant, leur statut d’associé dépend des conditions prévues dans les statuts de la SCI, ainsi que de l'acceptation des autres associés. Si l’agrément est accordé, les héritiers peuvent reprendre l’activité dans la société en tant que nouveaux associés.

Prenons l’exemple d’un associé décédé qui possède 30 % des parts d’une SCI familiale. Ses enfants, héritiers directs, peuvent se retrouver associés. Toutefois, si les autres membres de la SCI jugent qu'un héritier ne correspond pas au profil de la société, ils peuvent refuser l'agrément. Dans ce cas, les héritiers devront vendre les parts à un autre associé ou à un tiers, suivant ce que prévoient les statuts de la société.

La dissolution de la SCI après un décès : quand cela est-il possible ?

Le décès d’un associé ne mène pas systématiquement à la dissolution de la SCI. Cependant, dans certaines situations, la société peut être dissoute si les statuts prévoient cette option en cas de décès d'un associé. Il peut aussi être décidé de dissoudre la société si l’activité devient trop difficile à maintenir avec les nouveaux associés.

Dans ce cas, une assemblée générale extraordinaire (AGE) des associés devra être convoquée pour décider de la dissolution de la SCI et de la vente de ses actifs. Si une dissolution est décidée, les parts sociales seront liquidées et réparties entre les héritiers, après le règlement des dettes et obligations de la société.

Les conséquences fiscales du décès d’un associé dans une SCI

Le décès d’un associé dans une SCI entraîne des répercussions fiscales qu’il faut bien comprendre. Les héritiers du défunt se retrouvent non seulement responsables de la succession, mais aussi des obligations fiscales liées à la transmission des parts sociales. Ces conséquences fiscales peuvent avoir un impact significatif sur la gestion de la société et la continuité de son activité.

Les droits de succession sur les parts sociales d'une SCI

Lorsqu’un associé décède, ses parts sociales sont soumises aux droits de succession. En tant que bien immobilier ou financier, la SCI fait partie du patrimoine successoral du défunt. Le montant des droits de succession dépend de plusieurs facteurs, notamment de la valeur des parts sociales et du lien de parenté entre le défunt et les héritiers.

Les héritiers peuvent bénéficier d’abattements sur les droits de succession en fonction de leur lien de parenté avec le défunt. Par exemple, un enfant hériterait de parts sociales avec un abattement plus favorable qu'un neveu ou une personne non liée par le sang. La valeur des parts doit être déterminée par un expert-comptable ou un notaire, en prenant en compte la valeur de l’actif immobilier détenu par la SCI.

Les exonérations fiscales possibles pour les héritiers

Bien que les droits de succession soient inévitables, certaines exonérations fiscales peuvent alléger la charge des héritiers. La loi prévoit des exonérations spécifiques pour les parts sociales détenues dans des SCI familiales, notamment si celles-ci sont détenues depuis longtemps et si l’activité de la SCI est jugée de nature familiale. Ces seuils réduisent la base imposable :

  • En ligne directe (enfant, parent), l’abattement est de 100 000 € par héritier ;
  • Entre frères et sœurs, il tombe à 15 932 €.

 

Il existe aussi des exonérations spécifiques, comme le pacte Dutreil, applicable dans certaines SCI à activité réelle. Ce pacte permet une exonération de 75 % de la valeur des parts transmises, sous conditions strictes. Attention : les SCI purement patrimoniales ne sont pas toujours éligibles. Il faut une activité de gestion active.

L’impact de la transmission des parts sociales sur la fiscalité de la SCI

Le décès d’un associé peut entraîner un changement dans la répartition des parts sociales au sein de la SCI, ce qui peut affecter la fiscalité de la société. Si un héritier prend la relève, la répartition des bénéfices et des pertes de la société sera modifiée. Les parts sociales transférées aux héritiers seront alors soumises à des impôts si les parts génèrent des revenus.

En outre, la valeur des parts sociales transmises peut influencer la fiscalité de la société. Par exemple, si la SCI a accumulé des bénéfices non distribués ou des plus-values latentes sur ses biens immobiliers, les héritiers devront payer des impôts sur ces plus-values lors de la liquidation des biens ou de leur vente.

Les conséquences fiscales pour la SCI si la société est dissoute

Le décès d’un associé peut entraîner la dissolution de la SCI, en particulier si les statuts de la société prévoient une telle option en cas de décès d’un associé clé. Dans ce cas, la SCI devra liquider ses actifs et répartir les produits de cette liquidation entre les héritiers. Cette opération peut entraîner des plus-values imposables, qui seront calculées sur la différence entre la valeur des biens au moment de la vente et leur prix d’achat ou valeur comptable.

Quatre associés d’une SCI se réunissent pour valider une décision stratégique, dans un bureau lumineux équipé pour les échanges professionnels.

La SCI devra également s’acquitter de l’impôt sur les sociétés sur ses bénéfices réalisés lors de la liquidation. Si les biens immobiliers de la société ont pris de la valeur, la société sera soumise à des taxes sur les plus-values réalisées. Cependant, il existe des exonérations spécifiques en cas de transmission familiale.

Cas pratiques : exemples de gestion post-décès dans une SCI

La gestion du décès d’un associé dans une SCI n’est pas un processus standard. Chaque situation peut être différente et les héritiers doivent prendre en compte les statuts de la société, les droits de succession, ainsi que l'impact sur l'activité de la SCI.

Cas 1 : le décès d’un associé sans clause d’agrément

Imaginons une situation où un associé d’une SCI familiale décède sans que les statuts de la société ne prévoient de clause d’agrément. Dans ce cas, ses parts sociales sont automatiquement transmises à ses héritiers, sans qu’ils aient besoin de l’accord des autres associés.

Exemple concret :

  • Jean, associé dans une SCI familiale, décède à 65 ans ;
  • La SCI détient plusieurs immeubles d’une valeur totale de 2 millions d’euros ;
  • Les héritiers (son épouse et ses enfants) deviennent alors propriétaires de ses 30 % de parts dans la société.

 

Comme les statuts ne contiennent aucune clause d’agrément, les héritiers prennent automatiquement place dans la société sans que les autres associés aient leur mot à dire.

Dans cette situation, la SCI continue son activité comme avant. Toutefois, si les héritiers ne souhaitent pas s’impliquer dans la gestion, ils peuvent vendre leurs parts à d’autres associés ou à un tiers, sous réserve de respecter les démarches légales et fiscales.

Cas 2 : le décès avec clause d’agrément

Un autre cas fréquent est celui où les statuts de la SCI incluent une clause d’agrément. Cela permet aux autres associés de refuser l'entrée des héritiers dans la société, sauf si ces derniers sont eux-mêmes d'accord. Cette clause vise à préserver l'harmonie au sein de la société et à éviter que des personnes extérieures ou peu qualifiées n'entrent dans le capital de la SCI.

Exemple concret :

  • Pierre, associé dans une SCI créée avec ses frères, décède soudainement ;
  • Ses statuts incluent une clause d’agrément ;
  • Les autres associés (ses frères) peuvent refuser l'entrée de ses héritiers dans la société. Si l’agrément est refusé, les héritiers doivent vendre les parts.

 

Ils ont alors la possibilité de vendre à d’autres associés ou à un tiers. L'option d'une vente rapide peut ainsi réduire les tensions et maintenir la stabilité de l'activité de la société. Dans ce cas, la gestion post-décès est plus contrôlée par les associés existants, qui peuvent choisir un remplaçant ou répartir les parts en fonction de l'activité de la société.

Cas 3 : le décès d’un associé avec impact sur la gestion de la société

Le décès d’un associé peut parfois affecter la gestion de la SCI, notamment si cet associé jouait un rôle clé dans la gestion quotidienne de l’activité. Si la SCI n’a pas prévu de dispositions pour remplacer un gérant ou un associé actif, cela peut entraîner des perturbations dans le fonctionnement de la société.

Exemple concret :

  • Lucie était gérante d’une SCI immobilière et possédait 50 % des parts sociales ;
  • Après son décès, l'activité de la société est gravement affectée ;
  • Les autres associés n’étaient pas impliqués dans la gestion de la SCI et n’ont pas les compétences nécessaires pour prendre la relève. Ils doivent alors nommer un nouveau gérant.

 

Si aucun héritier n’est intéressé par la gestion, la SCI peut être amenée à se dissoudre ou à chercher une solution externe, comme la vente des biens ou la cession des parts sociales.

La planification successorale : un levier pour éviter la dissolution de la SCI

Le décès d'un associé dans une SCI n'entraîne pas nécessairement la fin de la société, mais il provoque des conséquences juridiques, fiscales et organisationnelles importantes. De la transmission des parts sociales à la gestion de l'activité, chaque aspect nécessite une attention particulière. Les statuts de la SCI jouent un rôle clé dans la gestion post-décès, notamment en ce qui concerne les clauses d’agrément, la dissolution possible ou la poursuite de l'activité.

Vous vous demandez comment anticiper la gestion du décès d’un associé dans votre SCI ? N'attendez pas qu'il soit trop tard pour planifier ! Contactez-nous dès maintenant pour obtenir un accompagnement personnalisé et sécuriser la gestion de votre société dans les meilleures conditions. Nous vous aidons à structurer vos statuts et à anticiper les démarches fiscales et juridiques liées au décès d’un associé.

FAQ : Que se passe-t-il si un associé décède et qu'aucun héritier ne souhaite reprendre ses parts ?

Si aucun héritier ne veut reprendre les parts de l’associé décédé, ces parts devront être vendues. Les autres associés ou des tiers peuvent acheter ces parts selon les modalités prévues dans les statuts de la SCI.

Est-il possible de prévoir un remplacement d’associé dans les statuts de la SCI ?

Oui, les statuts de la SCI peuvent prévoir des clauses spécifiques, telles que des clauses d’agrément ou des règles pour le remplacement d’un associé, afin de garantir la continuité de la société après un décès.

Comment calculer la valeur des parts sociales après un décès ?

La valeur des parts sociales est généralement calculée par un expert-comptable ou un notaire, en prenant en compte l’actif immobilier de la SCI, ses dettes, et la répartition des parts.

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