SCI impôt foncier : fonctionnement et optimisation

photo du rédacteur
  • Article rédigé par Mickaël ZONTA
  • Co-fondateur, Investissement-Locatif.com
Publié le mercredi 10 septembre 2025
Sommaire
Qu’est-ce qu’une SCI et comment fonctionne l’impôt foncier ?
Qui paie la taxe foncière dans une SCI ?
C’est la SCI qui est redevable de la taxe
Régime fiscal de la SCI : IR vs IS et impact sur l’imposition foncière
Déclaration et déductibilité de la taxe foncière dans une SCI
Cas pratiques : exemples concrets d’imposition foncière en SCI
Optimiser la fiscalité foncière de votre SCI
Les points essentiels à retenir
sci-impot-foncier

Investir dans l’immobilier locatif via une SCI (société civile immobilière) est une stratégie courante. Elle permet de gérer un bien à plusieurs et d’adapter la fiscalité à votre situation. Mais dès qu’un bien est détenu par une SCI, une question revient souvent : qui paie la taxe foncière ? Et surtout, peut-elle être déduite ?

Le sujet est plus technique qu’il n’y paraît. Entre impôt sur le revenu, impôt sur les sociétés, revenus fonciers, régime micro ou régime réel, il est facile de s’y perdre.

Comment fonctionne l’impôt foncier dans une SCI, et comment en limiter l’impact fiscal ?

Vous verrez les différences entre les régimes fiscaux, les règles de déduction et l’effet réel de la taxe foncière sur vos résultats. Que votre SCI soit à l’IR ou à l’IS, vous aurez une vision claire de ce que vous pouvez (ou non) faire.

Qu’est-ce qu’une SCI et comment fonctionne l’impôt foncier ?

La SCI : un outil simple pour investir à plusieurs

La SCI (société civile immobilière) permet à plusieurs personnes de détenir un ou plusieurs biens immobiliers en commun. Elle offre une gestion souple et permet de séparer la propriété du bien de son usage.

Chaque associé détient des parts, proportionnelles à son apport. Les décisions sont prises collectivement. Vous pouvez utiliser une SCI pour acheter, louer ou transmettre un bien.

La SCI n’est pas commerciale. Elle relève d’un régime civil. Cela ne l’empêche pas de générer des revenus fonciers.

Impôt foncier : ce que paie la SCI

L’impôt foncier, plus précisément la taxe foncière sur les propriétés bâties, est dû chaque année pour tout bien immobilier. C’est la société elle-même qui reçoit l’avis de taxe foncière dans une SCI. Elle est redevable de cette imposition, même si ce sont les associés qui financent les dépenses.

La taxe foncière s’applique peu importe le régime fiscal de la SCI. La société doit payer cette taxe, qu'elle soit à l’impôt sur le revenu ou à l’impôt sur les sociétés.

Elle figure parmi les charges foncières. Son traitement fiscal dépend ensuite du régime choisi par la SCI : micro foncier, régime réel ou IS. Ce point est abordé dans les parties suivantes.

Qui paie la taxe foncière dans une SCI ?

C’est la SCI qui est redevable de la taxe

La taxe foncière est adressée à la SCI, pas aux associés. L’avis est envoyé au nom de la société. C’est donc elle qui est redevable de cette taxe, même si le bien appartient indirectement aux associés via leurs parts.

La SCI règle la taxe foncière chaque année, comme n’importe quel propriétaire.

Qui supporte réellement le coût : la SCI ou les associés ?

Sur le plan économique, ce sont bien les associés qui assument cette charge. Elle est payée avec la trésorerie de la société, qui provient souvent des loyers ou des apports des associés.

En cas de location, la taxe foncière peut parfois être refacturée au locataire, sauf la partie correspondant aux ordures ménagères. Cela dépend du contrat de bail.

Si la SCI ne loue pas, la charge reste entièrement à sa charge. Elle vient réduire le bénéfice imposable.

Cas particuliers : démembrement, usufruit

C’est l’usufruitier qui doit payer la taxe foncière quand un bien est détenu en démembrement (nu-propriétaire et usufruitier). C’est la SCI qui est redevable, si elle détient l'usufruit.

Ce cas est moins courant, mais il peut apparaître dans des montages patrimoniaux. La logique reste la même : le payeur est celui qui jouit du bien.

Les associés ne déclarent pas directement les revenus fonciers. Ils ne sont imposés que s’ils perçoivent des dividendes.

Régime fiscal de la SCI : IR vs IS et impact sur l’imposition foncière

SCI à l’impôt sur le revenu (IR)

Par défaut, une SCI est soumise à l’impôt sur le revenu. Les associés déclarent chacun leur part des revenus fonciers dans leur propre déclaration, au prorata de leurs parts sociales.

Deux régimes sont possibles :

Régime micro foncier

Ce régime s’applique uniquement si vous percevez moins de 15 000 € de revenus fonciers par an et que le bien est loué nu. Il ne fonctionne que pour les associés qui déclarent eux-mêmes leurs revenus et détiennent le bien directement (pas via une SCI imposée à l’IS).

Dans le cas d’une SCI à l’IR, le régime micro foncier n’est pas automatique. Il dépend de la situation de chaque associé. Il n’est applicable que si l’associé détient au moins un bien en direct, en plus de ses parts.

Le micro foncier permet un abattement de 30 % sur les loyers. Aucune charge foncière (dont la taxe foncière) n’est déduite individuellement.

Régime réel

Ce régime permet de déduire les charges réelles supportées par la SCI :

  • Taxe foncière

  • Intérêts d’emprunt

  • Travaux d’entretien

  • Frais de gestion

Ces charges réduisent les revenus fonciers imposables. Si les charges sont supérieures aux revenus, un déficit foncier est créé. Il peut être imputé sur le revenu global des associés, dans la limite de 10 700 € par an.

SCI à l’impôt sur les sociétés (IS)

La SCI à l’IS est une option. Une fois choisie, elle est irrévocable. Dans ce cas, la société est imposée sur son bénéfice au taux de l’impôt sur les sociétés.

Toutes les charges liées au bien sont déductibles :

  • Taxe foncière

  • Amortissements

  • Intérêts d’emprunt

  • Frais de gestion

La taxe foncière est comptabilisée comme une charge d’exploitation. Elle réduit le bénéfice imposable.

Attention : à la revente, la plus-value est calculée différemment. Le prix d’achat est diminué par les amortissements, ce qui augmente mécaniquement la plus-value imposable.

Autre point : les associés ne déclarent pas directement les revenus fonciers. Ils ne sont imposés que s’ils perçoivent des dividendes.

Déclaration et déductibilité de la taxe foncière dans une SCI

Régime réel : la taxe foncière est déductible

Lorsque votre SCI à l’IR est au régime réel, la taxe foncière fait partie des charges déductibles. Elle vient diminuer les revenus fonciers imposables.

Pour être déductible, la taxe doit avoir été effectivement payée par la SCI, et non remboursée par un locataire.

Vous devez l’inscrire dans la déclaration 2072 (annexe 2044 si SCI à l’IR avec déclaration individuelle).

La ligne à remplir concerne les charges foncières : loyers encaissés d’un côté, charges de l’autre. Cela permet de calculer le résultat net à répartir entre les associés.

Régime micro foncier : pas de déduction individuelle

L'un des associés bénéficie d’un abattement forfaitaire de 30 % sur les loyers, s'il est éligible au régime micro foncier, . Cela remplace toutes les charges, y compris la taxe foncière.

Aucune déduction spécifique n’est possible dans ce cas. Il n’y a pas de ligne à remplir pour les charges réelles. L’administration applique automatiquement l’abattement.

Ce régime ne s’applique pas à la SCI elle-même, mais aux associés, s’ils remplissent les conditions (détention directe, seuil de 15 000 € de loyers, pas d’option pour le réel).

Importance de l’avis de taxe foncière

Pour pouvoir déclarer ou comptabiliser la taxe foncière, vous devez conserver l’avis de taxe foncière. Il fait partie des justificatifs à tenir à disposition en cas de contrôle.

Il précise le montant de la taxe foncière, le bien concerné, et le nom du propriétaire. Si vous avez plusieurs biens dans la SCI, vous devez garder un suivi pour chaque immeuble.

En cas de paiement par un associé, la SCI doit le rembourser. Sinon, la charge n’est pas considérée comme supportée par la société, et elle devient non déductible.

Cas pratiques : exemples concrets d’imposition foncière en SCI

SCI à l’IR – Régime réel

Prenons une SCI imposée à l’IR. Elle possède un appartement mis en location nue. Voici les chiffres sur une année :

  • Loyers encaissés : 12 000 €

  • Taxe foncière : 1 200 €

  • Intérêts d’emprunt : 2 500 €

  • Autres charges (travaux, gestion) : 1 800 €

Total des charges déductibles : 5 500 €

Revenu foncier net imposable :
12 000 € – 5 500 € = 6 500 €

Ce montant est réparti entre les associés selon leurs parts. Ils l’intègrent à leur déclaration de revenus fonciers.

SCI à l’IS

Autre cas : une SCI à l’IS détient un bien loué 18 000 € par an.

  • Taxe foncière : 1 500 €

  • Intérêts d’emprunt : 3 000 €

  • Amortissements annuels : 4 000 €

  • Autres charges : 2 000 €

Total des charges comptables : 10 500 €

Résultat imposable :
18 000 € – 10 500 € = 7 500 €

Ce résultat est soumis à l’impôt sur les sociétés. Si les associés perçoivent des dividendes, ils seront imposés ensuite à titre personnel.

Une SCI à l’IR peut déclarer un déficit foncier si ses charges dépassent ses loyer

Cas de déficit foncier

Une SCI à l’IR peut déclarer un déficit foncier si ses charges dépassent ses loyers. Exemple :

  • Revenus locatifs : 10 000 €

  • Taxe foncière : 1 200 €

  • Travaux : 9 000 €

  • Autres charges : 1 000 €

Total charges : 11 200 €

Déficit foncier :
10 000 € – 11 200 € = –1 200 €

Ce déficit est imputable sur le revenu global (dans la limite de 10 700 €), ce qui permet de réduire l’impôt personnel.

Optimiser la fiscalité foncière de votre SCI

Choisir le bon régime fiscal : IR ou IS

Le choix entre impôt sur le revenu (IR) et impôt sur les sociétés (IS) dépend de votre stratégie.

L’IR est souvent plus adapté si vous voulez bénéficier du régime réel et utiliser le déficit foncier pour réduire vos impôts personnels. C’est aussi plus simple pour les petites SCI familiales.

L’IS permet de déduire plus de charges, y compris les amortissements. Le taux d’imposition peut être plus bas, surtout si vous ne distribuez pas les bénéfices. En contrepartie, la fiscalité à la revente est plus lourde à cause de la réintégration des amortissements.

Il n’y a pas de choix “par défaut” valable dans tous les cas. Chaque montage a ses avantages et ses limites.

Exploiter le régime réel et le déficit foncier

Le régime réel permet de déduire les charges réelles, dont la taxe foncière, les intérêts d’emprunt, les travaux, les frais de gestion.

En présence de lourds travaux, vous pouvez générer un déficit foncier. Il est imputable sur votre revenu global (jusqu’à 10 700 € par an), ce qui réduit votre fiscalité personnelle. Le surplus est reportable sur les revenus fonciers des dix années suivantes.

C’est un levier fort d’optimisation, notamment dans les premières années d’un investissement locatif.

Anticiper les flux et la trésorerie de la SCI

La taxe foncière doit être réglée chaque année, même si le bien ne génère pas de revenus. Il faut donc prévoir une trésorerie suffisante, notamment si le bien est vide ou en travaux.

En cas de trésorerie tendue, les associés peuvent faire des apports. À défaut, la société risque un retard de paiement, voire des pénalités.

Mieux vaut anticiper ces échéances, surtout pour une SCI à l’IS, qui a des obligations comptables plus strictes.

Se faire accompagner

La fiscalité d’une SCI est technique. Un mauvais choix de régime peut coûter cher. Un accompagnement par un expert-comptable ou un conseiller fiscal vous aide à prendre les bonnes décisions.

Cela permet aussi de sécuriser la déclaration des revenus fonciers, surtout si vous avez plusieurs biens ou si la SCI est à l’IS.

Les points essentiels à retenir

Une SCI doit payer la taxe foncière, quel que soit son régime fiscal. Ce coût peut être optimisé, mais il ne disparaît pas.

En SCI à l’IR, vous pouvez déduire la taxe foncière si vous optez pour le régime réel. Ce choix ouvre aussi la porte au déficit foncier, utile pour réduire votre impôt sur le revenu.

En SCI à l’IS, la taxe foncière est toujours déductible. Mais la fiscalité devient plus lourde à la revente, à cause des amortissements.

Il n’y a pas de régime parfait. Il y a une stratégie adaptée à vos objectifs. Si vous débutez, restez simple. Choisissez un montage que vous comprenez. Et entourez-vous si besoin.

Prenez aussi le temps de bien suivre vos charges, de conserver vos avis de taxe foncière, et de tenir vos déclarations de revenus fonciers à jour. La rigueur est le meilleur outil pour garder une fiscalité maîtrisée.

Ces articles pourraient aussi vous intéresser

  • simulation-impot-location-meublee

    La fiscalité de la location meublée dépend du régime choisi : micro-BIC ou régime réel. Le bon choix permet de réduire fortement l’impôt sur les revenus locatifs. Simuler les deux options avec vos chiffres est la seule façon de savoir ce qui vous avantage le plus.

    Lire l'article
  • acheter-une-maison-avec-un-membre-de-sa-famille

    Acheter une maison avec un membre de sa famille permet de mutualiser les ressources et de faciliter l'accès à la propriété. Mais ce type d'achat implique des choix juridiques, fiscaux et financiers qu'il faut bien maîtriser. Indivision, SCI, prêt familial ou démembrement : chaque option a ses avantages… et ses risques.

    Lire l'article
  • cout-sci-familiale

    Le coût d’une SCI familiale ne s’arrête pas à sa création. Chaque année, il faut prévoir des frais de comptabilité, de fiscalité, de banque et d’assurance. Selon la complexité, le budget varie de quelques centaines à plus de 2 000 € par an.

    Lire l'article